SAMAYA x DAMIEN LACAZE

COMBO PARAPENTE ET ALPINISME AU CŒUR DU KARAKORAM

 

 
Damien Lacaze et Fabian Buhl ont tenté de repousser les limites en alliant parapente et alpinisme pour conquérir des sommets emblématiques tels que le Lady Finger et l'Ultar Sar. Entre des bivouacs glacials à 5 500 mètres, une météo capricieuse, et des vols impressionnants de près de 300 km, Damien partage son récit fascinant de cette aventure intense et les leçons tirées d'une expédition pleine de moments inoubliables.
 
Quels étaient vos objectifs en partant au Pakistan ?
Damien Lacaze :
Nous avons abordé cette expédition avec une multitude d'objectifs en tête. Notre première ambition était de nous adapter à toutes les conditions, en exploitant au mieux les possibilités offertes par le Karakoram. Ce massif est réputé pour ses conditions aérologiques extrêmes, avec des ascendances atteignant parfois 8 000 mètres. Nous espérions réaliser des vols record en exploitant ces puissants courants ascendants, ce qui permet de voler plus vite à haute altitude.
Un autre aspect de notre aventure était d'explorer l'ascension des sommets en combinant parapente et escalade. L'idée était de décoller en parapente pour accéder aux montagnes, d'y bivouaquer, puis de grimper et revenir en vol. Nous avions en tête plusieurs sommets autour de Karimabad : ouvrir une nouvelle voie au Lady Finger, tenter le Diran à ski dans la journée, et pourquoi pas nous poser sous l'Ultar Sar, à plus de 6 500 mètres, pour atteindre le sommet le lendemain.

 

 
Comment se sont déroulées vos tentatives ?
DL :
Contrairement aux expéditions classiques, nous avons séjourné à Karimabad, une petite ville offrant un confort incomparable. Cette base nous a permis de choisir nos objectifs quotidiens en fonction des conditions météorologiques, qu'il s'agisse de vols de distance, d'acclimatation sur les sommets voisins, d'ascensions alpines, ou même de moments de détente comme chercher des cristaux ou louer une moto.
Cependant, cette approche nous rendait très dépendants des conditions météo. Outre les défis liés à la montagne, nous avions besoin de conditions aérologiques favorables pour voler et nous poser en toute sécurité. Cette année, les conditions étaient particulièrement difficiles : humides, venteuses, avec de fréquentes perturbations orageuses. Nous avons passé de nombreuses heures à scruter les prévisions, modifiant sans cesse nos plans. Cette incertitude constante a mis notre moral à l’épreuve.
 
Malgré les difficultés, vous avez réussi à réaliser quelques combinaisons ski-parapente. Peux-tu détailler ces expériences et les moments les plus marquants ?
DL :
Nous avons commencé par nous acclimater, alternant entre le confort de la ville et les nuits en montagne. Karimabad étant à 2 500 mètres, nous devions régulièrement monter plus haut pour nous acclimater correctement. Nous avons gravi les montagnes à pied ou en parapente, nous posant d'abord à 4 400 mètres, puis 5 000 mètres, et enfin 5 500 mètres. La vallée de Hunza offre un terrain de jeu exceptionnel avec ses sommets allant jusqu'à 6 500 mètres, parfaits pour l'escalade, le ski ou le bivouac.
Pendant la phase d'acclimatation, nous avons souvent utilisé les skis pour leur sécurité accrue lors du décollage en cas de vent arrière. Les thermiques nous permettaient de skier des couloirs repérés depuis les airs, puis de redécoller pour revenir. Certaines nuits, nous bivouaquions sur un sommet, profitant des premiers rayons pour skier la face Est avant de plier le bivouac et rentrer en vallée. Le matin, nous étions souvent installés devant une omelette et un thé, un vrai plaisir après une nuit en altitude !

 

 
Vous avez réalisé un vol impressionnant de près de 300 km. Quelles ont été les conditions et les défis rencontrés lors de ce vol ?
DL :
Les conditions aérologiques étaient particulièrement difficiles à gérer. Tous les jours étaient marqués par de violents orages l'après-midi, avec des rafales, de la pluie et parfois des chutes de neige en montagne. Nous étions contraints de limiter nos vols à des trajets courts, rentrant dans la vallée vers 14h. Nous n'avons eu qu'une seule journée sans orages, et les conditions thermiques étaient relativement faibles avec des plafonds bas pour la région.
Néanmoins, cette journée nous a permis de constater le potentiel énorme de la région. Nous avons réussi à parcourir 298 km pour Fabi (Fabian Buhl) et 295 km pour moi. Cette expérience a confirmé que, lorsque les conditions seront idéales, la région pourrait offrir des vols de plus de 350 km en triangle, un record mondial en vigueur. La difficulté principale était de découvrir un terrain totalement inconnu, malgré notre préparation. La gestion des flux d'air et l'adaptation constante ont rendu cette expérience aussi éprouvante qu'exceptionnelle.
 
Comment se sont passées vos nuits en tentes Samaya, notamment pour vos bivouacs à 5 500 mètres ? Quelle importance revêt le poids de l’équipement pour ce genre de projet ?
DL :
Les tentes Samaya nous ont pleinement satisfait. Leur poids léger et leur compacité sont essentiels en alpinisme, mais encore plus en combo, où nous devons transporter tout notre matériel en vol. La capacité de compacter les tentes a été un véritable atout pour optimiser l'espace et minimiser le poids.
Le montage des tentes, leur résistance au vent, et leur capacité à conserver la chaleur malgré le froid extérieur ont également été très appréciés. À 5 500 mètres, il fait extrêmement froid la nuit, et la possibilité de maintenir une certaine chaleur à l'intérieur est un vrai confort.

 

 
Tu as mentionné une certaine déception de ne pas avoir réalisé tous vos projets, tout en étant reconnaissant pour les expériences vécues. Quels enseignements tires-tu de cette expédition et quel message souhaites-tu transmettre aux lecteurs ?
DL :
La chance n'est pas toujours de notre côté ! Il y a six ans, ma première visite au Pakistan m’avait offert des conditions de vol exceptionnelles. Cette année, bien que nous étions en forme et motivés, nous avons affronté le pire début d'été depuis plusieurs années. Nous avions encore un sommet vierge en réserve, et travailler avec Fabi a été un plaisir immense. C'est frustrant de ne pas avoir eu la chance de réaliser tout ce que nous avions prévu, mais c'est la montagne qui décide.
Les expéditions comme celle-ci sont un mélange de réussite et d'apprentissage. Ceux qui ont eu la patience d'attendre un créneau plus favorable, ont finalement pu en profiter. Nous, malheureusement, n'avions pas cette flexibilité. Mais nous reviendrons, car chaque expérience est une opportunité d'apprendre et de revenir plus forts.

 

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